Mouvement "Europe & La?cit?"



        

L'?tat de la la?cit?:
2. France


(Suite du document.
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Autres chapitres de cette ?tude:
L'?tat de la la?cit?: 1. Europe occidentale.
L'?tat de la la?cit?: 3. Europe Centrale et Orientale
L'?tat de la la?cit?: 4. Pays hors de l'Europe.

Annexe 2: La la?cit? entre le Nouvel Age et le d?p?rissement de l'Etat.


(compte-rendu de deux d?bats par B. Courcelle)

Le Festival International du Film d'Histoire est organis? tous les ans ? Pessac (banlieue de Bordeaux). Sa huiti?me ?dition (18-24 novembre 1997) avait pour th?me "Des Dieux et des Hommes". 58 long-m?trages ont ?t? pr?sent?s (dont Viridiana, La Voie Lact?e, Th?r?se, La Derni?re Tentation du Christ, Le Destin, La Terre des Pharaons, etc ...) ainsi que des documentaires. Des d?bats ont ?t? organis?s. J'ai pu assister ? trois d'entre eux, sur "Les int?grismes", la "La?cit?, version fran?aise", et "Le XXIi?me si?cle sera-t-il la?que?"

Le d?bat sur le XXIi?me si?cle sera-t-il la?que?, dont je donne un compte rendu d?taill? (r?dig? apr?s audition de l'enregistrement que j'en avais fait) ?tait organis? par Le Monde et dirig? par H. Tincq, responsable de la rubrique "Religions". Il marquait la conclusion du festival. Etaient invit?s J.-L. Schlegel (R?dacteur en chef de "Esprit" et sociologue des religions), J. Vernette (Professeur ? l'Institut catholique de Toulouse, Vicaire g?n?ral, d?l?gu? par l'?piscopat aux sectes et nouvelles religions, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet), P. Eyt (Cardinal et archev?que de Bordeaux) et B. Etienne (Professeur de sciences politiques et directeur de l'Observatoire du Religieux ? Aix-en-Provence, auteur de plusieurs ouvrages sur l'Islam en France).

Compte-rendu aussi objectif que possible.

En introduction et constatant l'affluence (la salle ?tait pleine une demi-heure avant le d?but du d?bat) H. T. fait observer que, il y a 20 ans, la politique passionnait et la religion faisait hausser les ?paules, alors que maintenant c'est l'inverse. Le ton est donn?: dans ce d?bat, la la?cit? ne sera con?ue que comme le vide laiss? (?ventuellement) par les religions anciennes et nouvelles. D'ailleurs, sa pr?sentation dans le programme du festival indiquait: "Il s'agit de mesurer prospectivement le r?le raviv? des religions ?tablies et des nouvelles religiosit?s ? l'aube du nouveau mill?naire." Introduisant ses invit?s, H.T. pose la question: "Quelle la?cit? va-t-on inventer au XXIi?me si?cle? Une la?cit? un peu ferm?e [...], une la?cit?-citadelle ou bien une la?cit? ouverte ? la pluralit? des ph?nom?nes religieux avec tous les risques que cela comporte?"

J.-L. Schlegel d?crit l'?volution r?cente des pratiques et id?es religieuses. Il insiste sur une tendance identitaire (retour aux traditions et ? des observances strictes des interdits et des rites, affirmation ouverte de la pratique religieuse, d?veloppement des sectes et des int?grismes), sur l'individualisme religieux (choix de liturgie, acceptation de tel dogme et refus de tel autre, religiosit? "? la carte"), sur une conception th?rapeutique et syncr?tique de la pratique religieuse (m?ditation pour lutter contre le stress, croyance en la r?incarnation pour vaincre l'angoisse de la mort, attrait des "sagesses" orientales). "Le christianisme sera-t-il submerg? par la concurrence des autres religions et des sectes?" Ou au contraire assistera-t-on ? un "sursaut" chr?tien et juif en particulier, ? un retour aux religions institutionnelles? La la?cit? des Etats ne serait pas menac?e, par contre la s?cularisation des m?urs pourrait l'?tre. (Ce point fort int?ressant n'a pas ?t? d?velopp?.)

J. Vernette ?voque Malraux dont il cite trois affirmations authentiques: "Le probl?me religieux redeviendra capital ? la fin du si?cle. Je n'exclus pas la possibilit? d'un ?v?nement spirituel ? ?chelle plan?taire. Le XXIi?me si?cle sera mystique."
Il illustre la premi?re de ces trois affirmations en ?voquant le retour du religieux en r?action ? "un mat?rialisme qui n'a pas tenu ses promesses", la multiplication des groupes religieux (chaque ann?e plus de 1000 d?clarations au JO d'associations "loi de 1901" ? projet religieux), le "succ?s" des JMJ en ao?t 1997; il ?voque "l'?clectisme individualiste" des consommateurs dans le "supermarch? du religieux". Pour illustrer la deuxi?me citation, il nous fait un cours sur le "Nouvel Age" qui visiblement le fascine, qui repr?senterait une "mutation psychique profonde", et auquel il a consacr? un livre (chez P. T?qui ?d., 1990).
A propos de la troisi?me citation il ?voque la revanche de l'affectif et de la spiritualit? sur le rationel, le besoin de paix int?rieure, l'attrait de la religion comme th?rapie, le d?sir de r?incarnation. Pour conclure sur la distinction entre bons et mauvais mouvements religieux: "la religion peut servir ? tout, ? fabriquer du nazisme et du stalinisme, du mao?sme [...]" par contre il insiste sur "ce r?veil de la pulsion religieuse constitutive de l'homme, qui est devenue anarchique, et nous ouvre le champ du XXIi?me si?cle qui sera celui du discernement."

P. Eyt formule "le voeu, l'esp?rance et la pri?re" que le XXIi?me si?cle soit la?que: "La la?cit? devra appartenir au bien commun de toutes les nations". Il pr?cise que la la?cit? consiste en la "connaissance r?ciproque plurielle", "l'accueil des autres et des migrants quelque soit leur religion", la "g?n?rosit? des engagements publics et individuels contre le ch?mage, la pr?carit?, l'exclusion, le sous-d?veloppement", la "priorit? du politique sur l'associatif et de l'utilit? g?n?rale sur le bien particulier, du bien commun garanti par l'Etat sur la diss?mination des int?r?ts partiels, cat?goriels, momentan?s ou locaux". Il plaide pour la libert? religieuse et la collaboration des croyants en tant que croyants, aux objectifs politiques. Il ne veut pas de "la?cit? par silence, par camouflage, par refoulement de la m?moire, et a fortiori, par exclusion de ce qu'[il] croi[t] ?tre une donn?e fondamentale de la condition humaine, ? savoir son aptitude et son d?sir religieux." "Le XXi?me si?cle [aura ?t? celui] de la d?nonciation du soi-disant opium du peuple remplac? par les camps et la guerre totale. Le XXIi?me si?cle ?chappera ? la m?me fatalit? que celui qui s'ach?ve si la la?cit? prend v?ritablement sa place dans nos soci?t?s." C'est sur la libert? religieuse que se sont construites les d?mocraties, et il faut permettre "sans privil?ge ni discrimination la proposition et la pratique de la foi catholique". Il incite ? la vigilance "contre un consensus mou sur la la?cit? laissant place aux extr?mes, y compris ? l'int?rieur du catholicisme, et possibilit? de conqu?rir une influence absolue d'un certain point de vue du catholicisme sur la soci?t?" aussi bien que contre ceux qui s'opposent ? "une simple ?vocation des principes du magist?re". Il conclut par un appel ? la libert? religieuse et ? la tol?rance.

B. Etienne aime les formules: "Ni Dieu ni le marxisme ne sont morts". "La saintet? ?a rapporte; il y a une mondialisation du march? du religieux." "Le XXIi?me si?cle ne sera pas la?que: il sera religieux, tribal, clanique, mystique, int?griste, nomade, mais certainement pas communautariste." Pour appuyer cette affirmation il mentionne la "mondialisation des objets, la tribalisation des sujets, et leur nomadisation forcen?e." "Il n'y aura plus d'Etats, de nations, de pr?tres, de la?cs." Nous assisterions actuellement ? une d?r?gulation institutionnelle des ?glises aussi bien que des Etats.
"Et si l'effritement des vieilles structures, au lieu de nous conduire ? devenir des int?gristes la?cards, d?fendant des bastilles vides, nous appelait avant tout ? la cr?ation de nouvelles modalit?s de l'?tre-ensemble, sur des valeurs qui ne correspondent pas ? celles qui ont fait que petit-fils de paysan je suis professeur d'universit? [...] ?" D'o? la n?cessit? de nouvelles structures pour r?pondre ? de nouveaux d?fis. Il cite le d?veloppement des r?gions au d?triment des Etats comme r?ponse identitaire ? la mondialisation ?conomique. Il indique que la large publication des textes (tels que les manuscrits de la Mer Morte) ?terait du pouvoir aux "sp?cialistes de l'interpr?tation" et donc aux institutions religieuses, d'o? la disparition en vue de la distinction clerc-la?c; en ce sens les musulmans de France seraient en avance sur tout le monde, du fait qu'ils n'ont pas cr?? d'institution religieuse structur?e.

H. T. pose le probl?me de "la capacit? des institutions, de l'Etat et des ?glises, ? garantir une la?cit? qui permette la libert? religieuse." Il invite les orateurs ? compl?ter leurs interventions.
P. E. ?voque la famille, s'oppose au point de vue de B.E. sur le d?p?rissement de l'Etat, cite J. Delors qui pensait que la la?cit? serait un obstacle au d?veloppement de l'Europe dans le domaine ?ducatif.
J.-L. S. envisage le retour possible d'une demande d'autorit?, et affirme qu'il n'y a de vraie libert? que dans le cadre d'une morale d?finie par des autorit?s.
J.V. plaide pour l'enseignement des religions ? l'?cole qui pr?munirait les enfants contre l'influence des sectes et B.E. mentionne un projet (favorablement consid?r? par le Minist?re) de cr?ation ? Lyon d'une Facult? de Sciences Religieuses en vue de pr?parer une agr?gation dans cette discipline.
J.-L.S. ?voque les "sectes dangereuses" dont le contr?le est du ressort de la justice.
Il ne reste du temps que pour quatre questions de la salle: deux questions techniques sont pos?es sur les effectifs des religions, des sectes et des ath?es (B.E. pr?tend que presque personne n'est vraiment ath?e et cite ? ce sujet les nombreuses c?r?monies religieuses de mariage et d'enterrement); une observation critique sur le d?bat qui ne s'est occup? que du futur des religions et non de celui de la la?cit? reste sans r?ponse; une derni?re intervention, ?manant d'un "citoyen la?que" pose la vraie question: "Que faut-il faire pour que le XXIi?me si?cle soit la?que?" et rappelle que la la?cit? est le seul rempart contre le cl?ricalisme, l'int?grisme et les sectes; aucune r?ponse n'est donn?e.

Mes commentaires

Ce d?bat est caract?ristique d'une pr?sentation aussi courante que fallacieuse de la la?cit? et de notions connexes relatives ? la citoyennet?.
A ce dernier titre, je citerai le texte de pr?sentation du th?me du festival par son pr?sident, A. Rousset, maire (P.S.) de Pessac: "... la trilogie r?publicaine -- Libert?, Egalit?, Fraternit? -- ne r?pond-elle pas, comme en ?cho, aux vertus th?ologales, la Foi, l'Esp?rance et la Charit??" Il n'y a aucun rapport entre la Libert? et l'Egalit? d'une part, qui d?finissent la position du citoyen dans la soci?t?, et l'Esp?rance et la Foi d'autre part, qui caract?risent la soumission du croyant ? des dogmes; il est fr?quent de voir rapprocher la Fraternit? de la Charit? mais celle-ci est une relation assym?trique, qui implique la sup?riorit? de celui qui donne sur celui qui re?oit, contrairement ? la Fraternit? (ou ? la Solidarit?) qui met tout le monde sur un pied d'?galit?. Cet "?cho" s'inscrit dans les tentatives de r?cup?ration par l'Eglise Catholique des valeurs la?ques. Elle cherche ainsi ? faire oublier que son soutien ? P?tain en 1940 ?tait motiv? en particulier par l'esprit de revanche sur la R?publique et les lois de la?cisation (celle de 1905 en particulier; on lira, par exemple dans l' ouvrage r?cent de A. Lacroix-Riz, des exemples des d?clarations d'?v?ques fran?ais en 1940 qui se sont r?jouis de la d?faite de la France, vue comme punition contre "l'?cole sans Dieu").

Pour en revenir au d?bat, on a pu y entendre toutes sortes d'approximations calcul?es et de d?tournements terminologiques. Dans les propos de P.E., on trouve un ?cho (un vrai) des propos de J.M. Lustiger selon lesquels le nazisme et le stalinisme seraient les cons?quences de la philosophie rationaliste du Si?cle des Lumi?res.
L'antirationalisme est un trait dominant des discussions sur le retour du religieux. On y trouve les "implications" suivantes: Rationalisme ==> Mat?rialisme ==> Insatisfaction, preuve de l'?chec du rationalisme ==> n?cessit? de la religion pour rem?dier au manque de "sens de la vie". Une confusion est faite entre plusieurs sens du mot "mat?rialisme": le mat?rialisme est un concept philosophique (qui a au moins deux utilisations: mat?rialisme fondateur de la m?thode scientifique de Diderot, et mat?rialisme historique ou dialectique de Marx) ? ne pas confondre avec le mat?rialisme "vulgaire", c'est-?-dire le m?pris de la culture, de l'art et le seul souci des biens mat?riels et de la consommation. Quant ? l'insatisfaction contemporaine et la "qu?te du sens" qui justifieraient le retour du religieux, on cache soigneusement que la source principale de l'angoise contemporaine est la crainte du ch?mage et la d?gradation des conditions de travail et de vie, qui sont les cons?quences directes du capitalisme lib?ral en vigueur actuellement. La religion est donc bien cet "opium du peuple" (en prenant peuple au sens le plus large, toutes classes sociales confondues) que l'on cherche ? conforter.
Aucun intervenant ne s'est inqui?t? de la mont?e de l'irrationalisme, favoris? par le commerce ("la saintet?, ?a rapporte", remarquait B.E.), avec la complicit? interess?e des m?dias et d'intellectuels. Au contraire, J.V. a pr?sent? sous un jour favorable le "Nouvel Age", qui n'est qu'un syncr?tisme ? finalit? commerciale de toutes sortes d'obscurantismes (astrologie, r?incarnation, dialogues avec les morts, bouddhisme de supermarch?, pseudo-?cologie qui ignore les causes ?conomiques et politiques des atteintes ? l'environnement, etc...), comme un "?v?nement spirituel plan?taire". D'un point de vue philosophique, il est impossible de distinguer une religion d'une superstition, toutes ?tant n?anmoins "des illusions productrices d'effets sociaux" comme l'a rappell? B.E.. Oui, le discernement est plus que n?cessaire dans un monde o? les "id?es" sont objets de commerce. D'o? la n?cessit? de fonder l'enseignement sur la pens?e rationnelle et critique, et de maintenir l'Ecole hors des influences dogmatiques, ce qui ne veut pas dire, au contraire, ignorer les effets culturels, politiques et sociaux des religions.
Au cours du d?bat, P.E. est le seul ? avoir souhait? que le XXIi?me si?cle soit la?que. Mais il semblait surtout soucieux de "libert? religieuse": de fait la libert? de culte n'est pas menac?e, et il plaidait en termes voil?s pour l'enseignement de la religion (la "proposition de la foi"), plaidoyer repris explicitement par J.V. et B.E.. Mais la la?cit? n'a pas ? ?tre "invent?e" ni red?finie; son principe fondamental est que la pratique et l'enseignement religieux doivent ?tre cantonn?s au milieu familial. D'autre part, P.E. n'a pas mentionn? la n?cessaire s?paration des pouvoirs politique et religieux, que le Saint-Si?ge pi?tine ouvertement lorsqu'il milite contre le droit au divorce l? o? c'est possible (en Irlande par exemple lors d'un r?cent r?f?rendum) et contre le droit ? l'avortement partout ailleurs. Dans 50 ans, quand la la?cit? se sera impos?e, le futur pape fera peut-?tre "repentance" pour les prises de position antila?ques de ses pr?d?cesseurs.
Quant ? la r?ponse ? la question "Que faut-il faire pour que le XXIi?me si?cle soit la?que?", des r?ponses ont ?t? donn?es par E.Pion (Pr?sident du Mouvement Europe & La?cit?) devant 120 personnes, une semaine plus tard dans sa conf?rence publique du 28 novembre ? Bordeaux ("Une Europe La?que est-elle possible?", ind?pendante du festival de Pessac): concertation dans des cadres nationaux et internationaux des nombreuses organisations la?ques qui s'ignorent trop souvent, travail en commun sur des textes, information sur les nombreuses actions locales la?ques, en France et ? l'?tranger, ignor?es des m?dias (contrairement aux grandes foires religieuses telles que les JMJ), organisation d'un colloque europ?en sur la citoyennet?.

Deux autres d?bats

Du d?bat, tr?s savant, sur les int?grismes (et les notions connexes de fondamentalisme et d'int?gralisme) qui affectent les diverses religions "du Livre", je ne citerai que quelques ?l?ments ayant trait principalement ? la la?cit?. Selon B. Etienne, "le XXIi?me si?cle sera charismatique, mystique, sectaire, tribal", la la?cit? "? la fran?aise" est issue d'un contexte politique tr?s particulier, impossible ? retrouver, ce qui en fait un mod?le "inexportable". Pour ce qui est de l'Europe, on irait "vers une reconnaissance officielle par les Etats des ?glises reconnues" (comme en Allemagne ou en Hollande) et non vers la g?n?ralisation de la s?paration d?finie dans la loi fran?aise de 1905. Dans les pays musulmans, on peut envisager au mieux une "s?cularisation" ? d?faut d'une v?ritable la?cit?. "Y a-t-il une Loi au dessus des lois?", les lois vot?es par les parlements d?mocratiquement ?lus doivent-elles avoir un fondement religieux? La contestation du droit ? l'avortement montre que, m?me en France, cette question n'est pas tranch?e et que la la?cit? n'est pas d?finitivement ?tablie. Pour Jean-Luc Allouche de Lib?ration, les sectes seront "le ph?nom?ne de demain", reflet du d?sir de loi et en m?me temps de fraternit?. Evoquant les JMJ, il a fait un "mea culpa journalistique" ?voquant l'embarras et l'incompr?hension des journalistes de Lib? face ? l'?v?nement, due au fait qu'ils seraient tributaires d'une vision la?que militante qui les aurait emp?ch?s d'appr?cier ? sa juste valeur l'expression d'une "religiosit? souterraine".

Le d?bat La?cit?, version fran?aise organis? par le mensuel L'Histoire, a fait intervenir G. Coq (Professeur de philosophie, auteur de "La?cit? et R?publique, le lien n?cessaire", ?d. du F?lin, 1995), F. Dubet (Professeur de sociologie), R. R?mond (historien et acad?micien pontifical) et J.-N. Jeanneney (Professeur, ancien secr?taire d'Etat). Pour F.D., la distinction entre enseignement public et enseignement priv? ne serait plus pertinente car l'enseignement priv? est largement subventionn? et de moins en moins confessionnel alors que l'enseignement public adopte de plus en plus une logique de concurrence. Pour G. C., c'est l'id?e r?publicaine qui doit remplacer la religion comme facteur id?ologique de coh?sion sociale. A propos du foulard islamique, il critique le Conseil d'Etat qui, par ses avis laxistes, a bafou? la Convention Internationle des Droits des Femmes. J.-N. J. s'exprime contre le communautarisme: la reconnaissance officielle des communaut?s nie le citoyen et attache aux personnes des identit?s r?ductrices ("juive" ou "gay" par exemple). R.R. consid?re que la loi de 1905 aurait ?t? "enrichie" par son application depuis 90 ans; la s?paration secteur public/secteur priv? n'est pas nette comme en 1905: une multitude d'associations forme un troisi?me p?le que la d?mocratie se doit de reconna?tre; l'Etat subventionne ?norm?ment de secteurs (culture, sport, et m?me religions par le biais des d?ductions fiscales) et donc pourquoi pas l'enseignement priv? qui est une composante du service public?
Des auditeurs protestent contre le fait que plusieurs ?l?ments importants aient ?t? occult?s par les intervenants: les lois Debr? de 1959 (et celles qui l'ont suivie) ont puissamment aid? l'enseignement priv? et affaibli par contre-coup l'enseignement public; l'Eglise Catholique n'a pas vraiment accept? la la?cit? comme le montre son opposition militante au droit ? l'avortement; "l'enrichissement" de la loi de 1905 et le soutien massif ? l'enseignement priv? sont autant de trahisons du principe de la?cit?, inscrit pourtant en t?te de la Constitution.

Conclusion

Ces trois d?bats ont ?t? suivis par un public nombreux et attentif. Les intervenants ont mis l'accent sur les ?volutions r?centes de la place des religions dans le monde contemporain et sur ce qui emp?che "l'exportation" du mod?le la?que fran?ais, voire m?me son maintien en France. Rien n'a ?t? dit sur les avanc?es la?ques observ?es r?cemment dans certains pays ?trangers (Irlande, Pologne par exemple, avec malheureusement un retour de b?ton tr?s r?cent) ni sur les possibilit?s concr?tes de d?fense de la la?cit?. Un peu comme la mondialisation ?conomique et commerciale, le d?clin de la la?cit? institutionnelle serait in?vitable.
Les d?fenseurs de la la?cit? ?taient dans le public et non sur la tribune.

Voir aussi Annexe 3: Le principe de la?cit? est-il universel? (Critique d'un texte de P. Eyt, Archev?que de Bordeaux)

Premi?re partie du document: L'?tat de la la?cit? en France.
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