Mouvement "Europe & Laïcité"


  

        

L'état de la laïcité:
3. Europe Centrale et Orientale


        
Ce texte présente quelques éléments sur l'état de la laïcité dans différents pays d'Europe hors de la Communauté Européenne. Merci de nous communiquer des informations sur l'état de la laïcité en Europe et dans le monde; cela nous permettra de tenir à jour ce document. (Les adresses électroniques sont en fin de document.) Dernière mise à jour: novembre 1997

     
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Autres chapitres de cette étude:
L'état de la laïcité: 1. Europe Occidentale.
L'état de la laïcité: 2. France.
L'état de la laïcité: 4. Pays hors de l'Europe.


  

Pologne


Après l'émancipation du pays vis à vis de la soumision à l'URSS, le rôle actif joué par l'Eglise contre l'idéologie officielle pro-soviétique, a amené, dans un premier temps au pouvoir une majorité politique favorable aux thèses de la catholicité la plus cléricale (sous la présidence de Lech Walesa), un éclatement du mouvement Solidarnosc, suscité par une opposition au cléricalisme militant de l'épiscopat, a engendré un renversement de majorité. Cela s'est traduit par la non réélection du candidat clérical Walesa, par l'élection d'un président de gauche favorable à la décléricalisation de l'Etat, par le vote de nombreuses dispositions législatives à caractère franchement laïque (enseignement, contraception, IVG, divorce, action culturelle et sociale, etc...)

Chacun pensait qu'au sortir de sa désoviétisation, la Pologne plongerait dans une soumission à la politique du Vatican (Karol Wojtyla alias Jean-Paul II, est polonais). En fait, le pays a été un de ceux qui se sont le plus spectaculairement émancipés vis à vis du rôle politique de l'Eglise. La démonstration y a été faite qu'une opinion publique culturellement imprégnée de tradition religieuse, peut soutenir des thèses laïques dans un contexte de démocratie politique indéniable. Les volontés de reconquête cléricale de l'Eglise romaine y sont néanmoins vivaces, sous la houlette du très réactionnaire Mgr Glemp, primat de Pologne et soutien de Jean-Paul II.

Septembre 1997: Le pape, agent électoral de la droite cléricale

Après l'écroulement du régime pro-soviétique de Jaruzelski, alors que tout semblait laisser prévoir un basculement durable de ce pays dans le glacis dogmatique des nations vaticanisées, on a vu les échecs successifs qu'y ont connu les forces de la pseudo-démocratie chrétienne, un moment illustrée par l'accession au pouvoir du très clérical Walesa, soutenu par les réseaux du primat-cardinal Glemp.(*)
La majorité de gauche revenue au pouvoir (après une prompte désoviétisation de ses comportements), l'élection d'un président de la République opposé au pouvoir clérical, le vote de lois laïques dans divers domaines, tout cela a fort irrité le Saint-Siège. Le pape avait "mis le paquet" en venant sur place à plusieurs reprises pour prêcher la "recléricalisation". Là-bas aussi, il avait déplacé des foules énormes, mais... sans avoir reconquis sa domination passée, encore que les représentants du gouvernement polonais l'aient reçu avec un surcroît de marques de déférence, notamment lors de sa dernière venue. "La rencontre de Wroclaw était remplie d'inquiétudes de la part du pape, au sujet de la Pologne", a déclaré le Président Kwasniewski.

Il faut dire que le pontife romain avait de sérieuses raisons de s'irriter. Le projet de Concordat , (datant de l'ancienne législature à majorité "walésienne") est toujours bloqué au Parlement; les lois sur l'interruption de grossesse votées par la nouvelle majorité progressiste, jouissent toujours de la faveur populaire; les moeurs et les modalités de la vie sociétale populaire se sécularisent de façon considérable, et avec une certaine décrédibilisation du clergé polonais, tout cela constituait autant de motifs de faiblesse des cléricaux.
La bataille pour une laïcisation complète de la Pologne était loin d'être gagnée, mais Carol Wojtyla était bien décidé à tout tenter pour stopper l'évolution des esprits en matière de laïcisation. Le Pape a plusieurs fois confié à son entourage, et notamment au cardinal Glemp (*), qu'il appréhende de plus en plus "l'occidentalisation rapide des sociétés libérées de l'hégémonie soviétique, et la laïcisation des jeunes générations qui n'ont plus besoin de pratique religieuse pour affirmer leur opposition à des régimes d'oppression". Pour tenter de masquer cet état de choses, Jean-Paul II a joué la carte de l'oecuménisme en direction des orthodoxes et des minorités juives. Mais ces tentatives de séduction se heurtent à des rivalités d'intérêts.

Aujourd'hui, force est de constater que la triple alliance d'une partie des survivants de Solidarnosc, de l'extrême droite et de l'Eglise, a su exploiter les incertitudes et ambiguïtés de la majorité néo-sociale-démocrate au pouvoir.

Janvier 1998:

Le 18 décembre 1997: remise en cause du droit à l'avortement pour "raisons sociales"; il reste autorisé en cas de grossesse due à un viol, de malformation du foetus, de danger pour la mère. Mais la droite cléricale souhaite l'interdire totalement. (Réseau Voltaire, note 145).

Le 8 janvier 1998: adoption du projet de concordat. (AFP, rubrique "actualités" de Yahoo-France).

(*) Joseph Glemp, cardinal-Primat de Pologne, avait autrefois déclaré dans un article au journal de Solidarnosc: "On peut parler de tolérance dans la culture, mais il ne faut pas étendre celle-ci à l'Eglise et à la religion (...) La liberté de conscience et de confession ne sont que des termes utilisés par les Constitutions modernes. La Science de l'Eglise ne connaît pas ces termes-là (...) L'absence de foi ou l'athéisme ne sont pas des états naturels de l'individu, encore moins de la société car ils signifient le mal. Les individus et les nations sans Dieu, sont des caricatures. Aucune organisation laïque ne saurait être admise par l'Eglise".

En Europe Centrale,


la laïcité est peu prise en compte en tant que valeur civique. Les religions cherchent à s'y réimplanter dans le cadre du vide idéologique, consécutif à l'effondrement du bloc soviétique. La seule religion vraiment dominante y est celle du profit privé, de l'argent facile et du mercantilisme débridé. Face à ce mouvement général dénué de tout idéalisme, la laïcité pourrait constituer un recours idéologique rénovateur, mais il n'existe guère, le plus souvent, de tradition culturelle historique favorable à cette prise de conscience et les organisations associatives à caractère laïque sont peu développées et peu aidées par le mouvement laïque international. En outre le souvenir pénible des années d'athéisme d'Etat dont étaient imprégnés les anciens régimes pro-soviétiques, nécessite une claire et délicate définition de la laïcité, tant sociale qu'institutionnelle.

Les partisans des valeurs citoyennes non cléricales doivent se battre (difficilement) contre les résurgences religieuses plus ou moins décrédibilisées par leur ancienne coopération partielle et formelle avec les régimes autoritaires prosoviétiques. La religion orthodoxe tente (partout où elle fut influente) de se réimposer en épousant parfoisles pulsions nationalistes de certains états, quitte à s'en distancier si leurs gouvernants sont contestés par l'opinion pour manque de démocratie (Serbie). Parfois, comme en Grèce, la religion orthodoxe, très cléricale, tente d'apparaître comme un rempart face aux influences islamistes renforcées (Albanie, Turquie).

Les zones de confrontation religieuse (comme la Bosnie) ont vu de quel prix se paye l'absence d'adhésion aux valeurs laïques. Les affrontements intercommunautaires ayant cessé, on note une évolution vers une prise en compte de plus en plus partagée, des modalités de coexistence inspirées de l'éthique laïque. Mais il y a là nécessité d'effectuer une intense promotion de la laïcité, notamment sous forme d'une aide du mouvement laïque international, clairement associé à la démocratie et à la paix.

Septembre 1997: En Roumanie, Jean-Paul II privé de Carpathes.

Jean-Paul II a renoncé à un voyage en Roumanie...! Là aussi l'oecuménisme va mal, et toujours pour de pieuses divergences portant sur l'attribution des biens religieux naguère nationalisés. Cette restitution provoque d'âpres disputes entre orthodoxes, gréco-catholiques, et romano-catholiques, séparés par leurs diversités d'appartenances.
Les métropolites de diverses obédiences ne sont pas tous d'accord sur l'opportunité de la visite pontificale d'autant plus que nombreux sont les dignitaires religieux roumains qui s'inquiètent du "prosélytisme catholique"
Là-bas aussi ? Pourtant l'église catholique ne compte guère en Roumanie qu'un peu moins de 3% de la population en croyants -pratiquants.

Septembre 1997: En Hongrie, les églises refusent l'argent des fidèles.

La loi hongroise qui permet aux contribuables de déduire 1% de leurs revenus pour que cette somme soit attribuée aux églises et mouvements religieux, ne plaît pas du tout aux éventuels bénéficiaires. Le raisonnement est simple: si nous acceptons cela, l'Etat va savoir quel pourcentage de citoyens souhaitent aider les clergés et les communautés, et au moment de la fixation du montant des subventions publiques en faveur des églises, l'estimation risque d'être maigrichonne. Alors, gardez vos sous, braves fidèles : l'Etat paiera (ce qui ne vous empêchera pas de verser à la quête, mais cela ne transitera pas par le Trésor public) .
Quant à la restitution des biens de l'église sécularisés par l'ancien régime, ce n'est pas simple à résoudre car les attributaires des dits-biens n'étaient pas seulement l'Etat, mais des municipalités, des organismes publics, voire privés dont beaucoup d'intérêt public.

Septembre 1997: En Tchéquie.

La Tchéquie étant nettement plus catholique que la Roumanie et bien d'autres pays d'Europe Centrale, Jean-Paul II fait là-bas le forcing en direction du gouvernement tchèque et du très pieux président Havel. Il réclame:
la restitution des biens du clergé (600 bâtiments ),
l'enseignement de la religion dans les écoles d'Etat,
la présence d'aumôniers catholiques dans les hopitaux et les prisons,
une lutte contre la non-croyance et l'indifférence religieuse,
le retour à l'interdiction de l'IVG.

Septembre 1997: En Slovaquie.

Une lettre de Bratislava nous informe de l'emprise catholique sur la Télévision slovaque. L'opinion des "sécularistes et libres penseurs" a les plus grandes difficultés à s'exprimer. En dépit de leurs multiples demandes, ils n'ont pratiquement aucun accès aux média. Les violations de cette condition évidente de pratique démocratique constituent l'objet d'une action militante intense des "laïques" slovaques.
Les organisations laïques françaises sont sollicitées de les soutenir. Sauront-elles le faire?

La Raison no 441 de mai 1999 nous informe qu'un concordat est en préparation. Considérant que les catholiques forment le groupe religieux le plus nombreux, cela justifierait de privilégier l'église catholique, aussi bien d'un point de vue financier (au détriment des finances publiques) que d'un point de vue idéologique.

La Bulgarie

ne compte aucune organisation laïque importante. L'athéisme y est considéré comme synonyme de communisme. Les principales pratiques religieuses sont orthodoxe et musulmane.

Bosnie


Chacune des trois communautés religieuses a son parti nationaliste. L'appartenance religieuse forme la base de "l'identité nationale": Chacun sait ce que cela recouvre! Pour y voir plus clair, il faut connaître la répartition des forces en présence:
Les musulmans: cette qualification désigne à la fois une appartenance religieuse et une nationalité: 43% de la population, slaves islamisés sous l'empire ottoman. Sunnites modérés, ils ont été les principales victimes de la politique de purification ethnique des territoires occupés par les Serbes, et dans une moindre mesure, les Croates. Une réislamisation est en cours dans les régions occupées majoritairementpar les musulmans.
Les orthodoxes (31 % de la population) en majorité Serbes, idéologiquement attachés à la république Serbe (de Belgrade) Soutien sans failles de la Croatie.
Les catholiques sont essentiellement Croates (17 %). Ils ont subi de graves destructions de leurs lieux de cultes pendant la guerre.

Les tensions sont très vives entre ces trois communautés, qui s'affronteraient en permanence sans la présence de la force internationale (SFOR). Les élections qui ont eu lieu ne semblent pas avoir désamorcé les haines.
Le message laïque a beaucoup de mal à passer, en raison du souvenir laissé par l'athéisme officiel de l'ancienne fédération yougoslave. Pourtant, c'est dans le sens d'une recherche de coexistence fondée sur une pratique laïque de la tolérance intercommunautaire qu'une solution peut être recherchée.

Russie


Liberté religieuse, sectes et discrimination

La Douma (Parlement russe) a adopté un projet de loi garantissant une totale liberté aux religions "traditionnelles". Les autres confessions et organisations religieuses bénéficieront des mêmes libertés si elles peuvent prouver leur existence sur le territoire russe depuis plus de 15 ans.
Le but est évident: bloquer l'apparition et le développement des sectes. En fait seraient seules bénéficiaires de la loi : les religions orthodoxe, islamique, judaïque et bouddhiste déclarées religions traditionnelles en Russie. Mais les autres ? et notamment le catholicisme et les églises diverses protestantes ?
Jean-Paul II a écrit à B. Eltsine pour lui demander de bloquer la loi ; des associations de défense des droits civiques s'étaient jointes à ces démarches, et pour faire bonne mesure, le Sénat américain avait décidé de supprimer des crédits de 200 millions de dollars, si cette loi était promulguée.
Cette dernière opposition décida Eltsine à refuser de signer cette loi et un nouveau projet plus ouvert fut rédigé, mais la nouvelle loi révisée ne plaît toujours pas aux religieux minoritaires qui, après l'avoir acceptée, ont retiré leur signature.
Par contre le patriarche (orthodoxe) Alexis II et le président du conseil des muftis (dignitaires musulmans) se sont déclarés favorables à l'ancienne loi. Le grand chef mufti a déclaré à la presse: "Seule la loi de Dieu est parfaite". Sans doute, mais ... lequel ?

Autres pays.

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