L'état de la laïcité:
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Autres chapitres de cette étude:
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Il faut défendre la laïcité contre différents ennemis:
1. Contre le lobby de l'enseignement privé, religieux ou pas, qui cherche à obtenir toujours plus de subventions; il exploite le climat général de défiance vis à vis des services publics et la tendance actuelle à les transformer en services commerciaux ainsi que l'individualisme du client-consommateur (chaque famille devrait pouvoir choisir un système d'enseignement comme une destination de vacance).
2. Contre une conception consensuelle et irréfléchie de la tolérance qui mêle la mauvaise conscience issue du colonialisme, un irrationalisme alimenté par les médias (la télévision publique ne joue pas le rôle éducatif qui pourrait être le sien en critiquant l'astrologie, les pseudo-sciences, le "Nouvel-Age", les contestations de la "science officielle" à visées commerciales -- les scientifiques ne sont bien sûr pas au-dessus de toute critique), un relativisme culturel à la mode chez de nombreux intellectuels (voir ci-dessous les citations de Feyerabend).
Au rang des fossoyeurs et faux amis, nous placerons:
-- les politiciens qui flattent devant les religieux pensant que c'est dans l'air du temps (le "retour du religieux") ou pour se donner un vernis de morale et faire ainsi oublier toutes sortes de mensonges et de compromissions (ci-dessous discours de Chevènement en 1997 et de Chirac en 1996);
-- les promoteurs de la laïcité ouverte, intellectuels ou religieux: voir en annexe le compte rendu de deux débats publics sur la laïcité.
Il écrit aussi: "La science doit être traitée comme une tradition parmi d'autres et non comme une norme destinée à juger de ce qui est et de ce qui n'est pas, de ce qui peut ou ne peut pas être admis." (p. 50)
"Les citoyens, et non des groupes d'experts, ont le dernier mot pour décider de ce qui est vrai ou faux, utile ou inutile pour leur société." (p.72)
Si les citoyens doivent être associés aux choix concernant le financement de la recherche scientifique et ses utilisations, ils ne peuvent guère décider de la validité de telle ou telle théorie. C'est un grave retour en arrière (à l'époque de Galilée justement) que de mêler la validité des méthodes scientifiques aux conditions sociales de leur mise en oeuvre.
Sans Commentaire: "Qu'est-ce qu'une laïcité qui voudrait être laïque à tout prix?" Grand rabbin J. Sitruk, Le Monde, 11.11.1989 (cité par P. Bergé).
Vous avez dit ... laïcité?: "Que vient donc faire ici ce mot: laïque? Conformément au principe majoritaire démocratique, Dieu doit avoir sa place dans la nouvelle constitution. [...] Il serait inadmissible qu'une infime minorité d'incroyants et d'athées imposent leur point de vue au législateur [...]." (La Semaine religieuse de Paris, 1958, débats sur la Constitution de la Vième République, cité par P. Bergé)
Décourageant: J.P. Chevènement à Strabourg, fin nov. 1997, lors de l'ordination épiscopale du nouvel évêque, J. Doré:
"Ce qu'on désigne aujourd'hui comme les valeurs de la République, sur la base d'une tradition bicentennaire, doit beaucoup à l'héritage judéo-chrétien. [...] les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, qui ont inspiré le combat des républicains depuis 1789 [...] sont pour une large part des valeurs chrétiennes laïcisées.
[...] le messianisme judaïque, par la perspective du salut, donne un sens au temps, c'est-à-dire à l'histoire, comme le fera aussi le christianisme en proposant l'horizon d'un jugement dernier et en incarnant Dieu dans un homme, indiquant ainsi l'avant et l'après de cet événement pour lui fondateur: une fois encore, l'histoire universelle se trouvait là orientée.
[...] La laïcité est une valeur; ce n'est pas un dogme.
[...] Dans les circonstances de l'après-guerre de 1914-18, j'interprète la volonté des Alsaciens-Mosellans [de conserver le Concordat de 1801 au lieu d'appliquer la loi de 1905] comme le signe de la francité maintenue, la francité telle qu'ils l'avaient toujours connue [...] Cette particularité est des plus honorables: elle mérite d'être respectée, elle sera respectée."
Quand on connaît l'opposition de l'église catholique aux valeurs démocratiques, opposition à la fois historique (encycliques contre la loi de 1905, déclaration des évêques de France de 1925 sur "l'injustice des lois de laïcité" qui iraient contre les "droits de Dieu", soutien aux régimes autoritaires de Franco, Pétain, Mussolini et autres) et toujours actuelle (voir les récentes encycliques contre la valeur des lois démocratiquement votées qui contedisent les options du Saint-Siège), on doit conclure que ce discours est pure falsification historique.
(Notes d'Information du Réseau Voltaire no 145-6 du 24.11.1997)
Le même Chevènement avait déclaré dans La Croix le 19.8.1997: "Quel homme de réflexion peut-il nier que les religions, globalement, aient été dans l'Histoire, un facteur d'élévation morale de l'humanité." Il faut toujours se méfier de ce qui est "globalement positf"!
Annexe 2: La Laïcité entre le Nouvel-Age et le dépérissement de l'Etat
Annexe 3: Le principe de laïcité est-il universel? Critique d'un texte de P. Eyt, Archevêque de Bordeaux.
Annexe 4: Le point sur le statut juridique particulier de l'Alsace et de la Moselle.
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