Mouvement "Europe & Laïcité"

  

L'état de la laïcité: 
2. France

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Merci de nous communiquer des informations relatives à la laïcité en France, en Europe et dans le monde; cela nous permettra de tenir à jour ce document. (Les adresses électroniques sont en fin de document.) Dernière mise à jour: septembre 1999
     
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L'état de la laïcité: 1. Europe occidentale.
L'état de la laïcité: 3. Europe Centrale et Orientale
L'état de la laïcité: 4. Pays hors de l'Europe


  

Introduction

Les Constitutions de 1946 et 1958 affirment dans leurs préambules que la République Française est indivisible, laïque, démocratique et sociale. La laïcité est donc un concept fondamental. Elle n'en fait pas moins l'objet de polémiques, de remises en cause sournoises et de violations patentes. De nombreux livres ont été écrits sur la laïcité, son histoire, son actualité, sa redéfinition qui apparaît nécessaire à certains.
Le présent document est principalement une liste de points de repères. Nous renvoyons les lecteurs à nos réponses à des questions souvent posées sur la laïcité, et, en particulier, à la bibliographie qui les accompagne.
 
 

1. Laïcité institutionnelle.

1905 (9 décembre): Promulgation de la loi de séparation de l'Etat et des religions. Elle ne s'applique pas dans les trois départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, alors rattachés à l'Allemagne.
1918: La France récupère l'Alsace et la Lorraine, mais ces départements conservent le régime concordataire hérité de 1801 (rémunération des prêtres, pasteurs et rabbins sur budget de l'Etat, enseignement de la religion à l'école publique en particulier) ainsi que diverses lois allemandes.
1941: Le gouvernement de Vichy, soutenu par les évêques et le Saint-Siège revient sur les acquis de 1905: enseignement de la religion à l'école publique, subventions à l'enseignement catholique, restitution de biens nationalisés en 1905.
1946: De Gaulle supprime les mesures antilaïques du gouvernement de Pétain mais laisse à l'église les biens rendus en 1941.
1967: L'église cherche à faire interdire le film "La Religieuse" de J.Rivette (le film sort interdit aux moins de 18 ans sous le titre "La Religieuse de Diderot").
1996-1997: Violations répétées de la laïcité: messe officielle en l'honneur de F. Mitterrand (1996), soutien officiel et subventions publiques à l'occasion des visites du pape en France de 1996 et 1997. (Voir les compte-rendus détaillés de B. Courcelle dans ses pages personnelles). La gauche ne mentionne pas la laïcité dans ses programmes électoraux, et semble au contraire la remettre en cause sans l'avouer, comme si cela devait l'aider à combattre le chômage.
 
 

2. Laïcité scolaire.

1881: Lois de J. Ferry rendant l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire. (L'Univers, journal catholique écrit en 1880: "L'instruction absolument gratuite et obligatoire est destructrice de l'autorité de la famille.")
1951: Lois Marie et Barangé (bourses et subventions aux élèves de l'enseignement privé);
1959: Loi Debré (subventions publiques aux établissements privés sous contrat de divers types); une pétition contre cette loi recueille 10 millions de signatures;
1977: Loi Guermeur (avantages sociaux pour les enseignants du privé; obligation est faite aux communes de soutenir les écoles privées);
1984: Une grande manifestation à Versailles des partisans de l'enseignement enterre le projet de constitution d'un "Grand Service Public Unifié et Laïque de l'Education Nationale";
1989: Première affaire de foulard islamique; le gouvernement refuse de prendre une position claire; le Conseil d'Etat donne tort aux enseignants qui défendent la laïcité; il encourage ainsi le communautarisme;
1992: Accords Lang-Cloupet dotant l'enseignement catholique de subventions substantielles;
1994: Un million de personnes défilent à Paris le 16 janvier pour s'opposer (avec succès) à un projet de loi autorisant des subventions publiques illimitées à l'enseignement privé; sous des prétextes divers (sécurité) les subventions ont continué d'augmenter.
 
 

3. Fossoyeurs et faux amis.

Echaudés par la manifestation du 16.1.1994, les pouvoirs publics évitent toute remise en cause trop ouverte de la laïcité, mais donnent en pratique aux religions des subventions plus ou moins déguisées et des rôles d'interlocuteurs représentatifs et autorisés (sur des questions humanitaires ou de bioéthique en particulier). Les associations familiales forment aussi un lobby efficace.

Il faut défendre la laïcité contre différents ennemis:

 1. Contre le lobby de l'enseignement privé, religieux ou pas, qui cherche à obtenir toujours plus de subventions; il exploite le climat général de défiance vis à vis des services publics et la tendance actuelle à les transformer en services commerciaux ainsi que l'individualisme du client-consommateur (chaque famille devrait pouvoir choisir un système d'enseignement comme une destination de vacance).

 2. Contre une conception consensuelle et irréfléchie de la tolérance qui mêle la mauvaise conscience issue du colonialisme, un irrationalisme alimenté par les médias (la télévision publique ne joue pas le rôle éducatif qui pourrait être le sien en critiquant l'astrologie, les pseudo-sciences, le "Nouvel-Age", les contestations de la "science officielle" à visées commerciales -- les scientifiques ne sont bien sûr pas au-dessus de toute critique), un relativisme culturel à la mode chez de nombreux intellectuels (voir ci-dessous les citations de Feyerabend).

 Au rang des fossoyeurs et faux amis, nous placerons:
-- les politiciens qui flattent devant les religieux pensant que c'est dans l'air du temps (le "retour du religieux") ou pour se donner un vernis de morale et faire ainsi oublier toutes sortes de mensonges et de compromissions (ci-dessous discours de Chevènement en 1997 et de Chirac en 1996);
-- les promoteurs de la laïcité ouverte, intellectuels ou religieux: voir en annexe le compte rendu de deux débats publics sur la laïcité.
 
 

Annexe 1: Documents et citations

Le relativisme: P. Feyerabend dans Adieu la raison! (collection Points, 1989), n'hésite pas à donner raison aux inquisiteurs contre Galilée, au motif que ses découvertes ne justifiaient pas de mettre en danger "la sainte foi" partagée par les foules (p. 206).

 Il écrit aussi: "La science doit être traitée comme une tradition parmi d'autres et non comme une norme destinée à juger de ce qui est et de ce qui n'est pas, de ce qui peut ou ne peut pas être admis." (p. 50)
"Les citoyens, et non des groupes d'experts, ont le dernier mot pour décider de ce qui est vrai ou faux, utile ou inutile pour leur société." (p.72)

 Si les citoyens doivent être associés aux choix concernant le financement de la recherche scientifique et ses utilisations, ils ne peuvent guère décider de la validité de telle ou telle théorie. C'est un grave retour en arrière (à l'époque de Galilée justement) que de mêler la validité des méthodes scientifiques aux conditions sociales de leur mise en oeuvre.

 Sans Commentaire: "Qu'est-ce qu'une laïcité qui voudrait être laïque à tout prix?" Grand rabbin J. Sitruk, Le Monde, 11.11.1989 (cité par P. Bergé).

 Vous avez dit ... laïcité?: "Que vient donc faire ici ce mot: laïque? Conformément au principe majoritaire démocratique, Dieu doit avoir sa place dans la nouvelle constitution. [...] Il serait inadmissible qu'une infime minorité d'incroyants et d'athées imposent leur point de vue au législateur [...]." (La Semaine religieuse de Paris, 1958, débats sur la Constitution de la Vième République, cité par P. Bergé)

Décourageant: J.P. Chevènement à Strabourg, fin nov. 1997, lors de l'ordination épiscopale du nouvel évêque, J. Doré:
"Ce qu'on désigne aujourd'hui comme les valeurs de la République, sur la base d'une tradition bicentennaire, doit beaucoup à l'héritage judéo-chrétien. [...] les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, qui ont inspiré le combat des républicains depuis 1789 [...] sont pour une large part des valeurs chrétiennes laïcisées.
[...] le messianisme judaïque, par la perspective du salut, donne un sens au temps, c'est-à-dire à l'histoire, comme le fera aussi le christianisme en proposant l'horizon d'un jugement dernier et en incarnant Dieu dans un homme, indiquant ainsi l'avant et l'après de cet événement pour lui fondateur: une fois encore, l'histoire universelle se trouvait là orientée.
[...] La laïcité est une valeur; ce n'est pas un dogme.
[...] Dans les circonstances de l'après-guerre de 1914-18, j'interprète la volonté des Alsaciens-Mosellans [de conserver le Concordat de 1801 au lieu d'appliquer la loi de 1905] comme le signe de la francité maintenue, la francité telle qu'ils l'avaient toujours connue [...] Cette particularité est des plus honorables: elle mérite d'être respectée, elle sera respectée."

 Quand on connaît l'opposition de l'église catholique aux valeurs démocratiques, opposition à la fois historique (encycliques contre la loi de 1905, déclaration des évêques de France de 1925 sur "l'injustice des lois de laïcité" qui iraient contre les "droits de Dieu", soutien aux régimes autoritaires de Franco, Pétain, Mussolini et autres) et toujours actuelle (voir les récentes encycliques contre la valeur des lois démocratiquement votées qui contedisent les options du Saint-Siège), on doit conclure que ce discours est pure falsification historique.
(Notes d'Information du Réseau Voltaire no 145-6 du 24.11.1997)

Le même Chevènement avait déclaré dans La Croix le 19.8.1997: "Quel homme de réflexion peut-il nier que les religions, globalement, aient été dans l'Histoire, un facteur d'élévation morale de l'humanité." Il faut toujours se méfier de ce qui est "globalement positf"!

 Annexe 2: La Laïcité entre le Nouvel-Age et le dépérissement de l'Etat

Annexe 3: Le principe de laïcité est-il universel? Critique d'un texte de P. Eyt, Archevêque de Bordeaux.

 Annexe 4: Le point sur le statut juridique particulier de l'Alsace et de la Moselle.

Autres pays.

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