Mouvement "Europe & Laïcité"
Délégation Portugaise

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Le Mouvement Europe et Laïcité a ouvert une délégation portugaise:
Movimento "Europa e Laicidade" (delegação portuguesa)
Apartado 2631 - P- 1116 - 001 Lisboa Portugal)
Responsable: Luis Mateus.
courrier électronique: ou bien

En fin de ce document, voir la pétition contre le Concordat.

Charte Européenne de la Laïcité en portugais et adresses des
associations lusophones qui la soutiennent.


Laïcité à la Portugaise (Europe et Laïcité 163, janvier 2001).
La Constitution de la République approuvée après la "Révolution des Oeillets" (25 avril 1974) a créé au Portugal un système juridique où la nette séparation entre l'État et les églises est - ou devrait être.... - la règle. Pourtant, une très forte marque de domination catholique y subsiste encore et, comme dans la plupart des pays de tradition catholique du Sud de l'Europe (France, Espagne, Italie ), la vie y continue très - trop - souvent marquée par une présence intrusive de toutes sortes de cléricalismes.

En effet, au Portugal l'église catholique a bénéficié jusqu'à récemment du statut de Religion d'État et la "Révolution d'Avril" n'a pas réussi à y changer grand'chose, ce qui fait que, concrètement : maigre la Constitution (républicaine et laïque) du pays, le Concordat avec le Saint-Siège subsiste toujours; la religion catholique est officiellement enseignée à l'Ecole Publique (primaire et secondaire) ; les Institutions de l'Etat, soit du gouvernement central, soit des pouvoirs locaux, subventionnent fortement la construction et l'entretien de bâtiments destinés au culte catholique ; le Parlement se prépare à approuver une "Loi de la Liberté Religieuse" qui, en accordant un statut de "reconnaissance officielle" à d'autres religions, dans la pratique, ne fera que confirmer le régime de privilège de l'Eglise Catholique Romaine au pays; les "autorités publiques" (civiles et militaires) ne se gênent pas pour promouvoir - à titre particulier, selon ce qu'ils disent... - différents événements confessionnels catholiques (messes ou autres démonstrations religieuses publiques) et de s'y faire publiquement remarquer (radio, TV) en tant que participants....

C'est la Laïcité à "la Portugaise" ! Les gens sont à un tel point familiarisés avec cette situation que, souvent, ce sont les positions laïques qui leurs apparaissent choquantes, même bizarres... et des affirmations du genre "au Portugal, l'Etat peut très bien être laïque, mais la Nation, elle est catholique" (D. Eurico Dias Nogueira, Archevêque émérite de Braga, pour faire pression sur le Parlement, au moment de la discussion du projet de la "Loi de la Liberté Religieuse") ne provoquent aucune réaction de protestation (des réactions de soutien sont apparues...), soit dans les différents secteurs (de gauche à droite) des milieux politiques, soit dans n'importe quel partie de l'opinion publique...

Dans un tel pays, on ne trouverait pas surprenant de voir un évêque (l'Evêque de Coimbra, D. Joào Alves) proclamer, dans un article de presse publié à la veille de Noël, de dures critiques - quoique très générales et fondées sur des simples "lieux communs" - à l'actuel gouvernement socialiste.

"On vit aujourd'hui une période difficile de la vie nationale (...) Les faits sont là pour démontrer la difficulté et l'instabilité : les successifs changements dans le gouvernement; les nombreux problèmes dans le camp économique; la fraude fiscale généralisée; les délais de
déroulement des procès en matière de justice, de la santé, et de l'éducation; l'accroissement de la criminalité, de la toxicodépendance et d'autres écarts à la saine conduite; le retard excessif des réformes nécessaires à l'actualisation du pays; les divisions et les différends entre membres du gouvernement, au grand scandale du peuple portugais; le discrédit de l'autorité et des institutions nécessaires au bien majeur du pays ; la médisance généralisée sur l'autorité de l'Etat, avec grave préjudice de la stabilité sociale et politique, etc., etc..;", telle est l'opinion que l'évêque a publiée dans "son" journal et que les autres médias ont reproduite et divulguée...

Pourtant, les laïques portugais, choqués - mais non surpris... - par l'intervention abusive du "ministre de l'église" dans le champ des affaires publiques, connaissant très bien les manoeuvres et les stratégies auxquelles l'Eglise catholique et romaine, a généralement recours - des stratégies, soit de gueuserie ( "choradinho rende mais " : chouiner est plus rentable, dit-on en portugais), soit de pression ou même de chantage au près du "pouvoir" - mais, surtout, sachant que le Premier ministre, Antônio Guterres, est un "catholique pratiquant" pleinement assumé, s'interrogent sur ce qui est en train de se préparer derrière le rideau...

Attendons-le....

Luis Mateus

LE COMBAT DES LAÏQUES S'INTENSIFIE SUR TOUS LES PLANS:
CITOYENETÉ EUROPÉENNE ET
CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX
(Texte paru dans "Europe et Laïcité" no 162).

Le Portugal et la France se sont très clairement opposés à l'introduction d'une référence à un supposé "héritage religieux" de l'Europe dans la préface de la "Charte des Droits Fondamentaux" de l'Union Européenne. Cette prise de position a fait changer la phrase ³` héritage culturel, humaniste et religieux `² qui est devenue ³` patrimoire culturel, humaniste, spirituel et moral `² dans la proposition de rédaction finale du document` ce qui nous paraît aussi une formulation bien plus acceptable puisque plus neutre.
Ce texte juridique qui se prétend fondateur d'une future "citoyenneté européenee" ­ même s'il ne doit pas devenir contraignant pour les états membres ­ est maintenant en cours d'approbation et, sûrement, ce n'est pas par hasard ou par oubli innocent, qu'aucune référence à l'indispensable laïcité des pouvoirs politiques de l'UE n'y est comprise`
Pourtant, deux questions se posent:
y aurait-il eu des manifestations civiques éloquentes de protestation, si les représentants de ces deux pays avaient agi autrement ?
et auraient-ils adopté une telle position de refus si les organisations laïques ne s'étaient pas manifestées?
On peut en douter sérieusement.
Il semble que les Européens, dans leur actuel cadre de vie se sentent de moins en moins intéressés par les affaires politiques qui les concernent (voir, par exemple, la faible participation des Français au référendum qui vient de leur être proposé). Nos opinions publiques paraissent préférer se laisser administrer par leurs gouvernements (plus ou moins démocratiques) que d'exercer une citoyenneté active.
Voilà une situation qui crée un espace propice pour que tous les genres de manipulations, toutes les manoeuvres au profit de groupes d'intérêt puissent être menées, y compris ­ et l'histoire le prouve ­ celles de l'Église Catholique et des organisations qui lui sont plus ou moins liées.

Au Portugal...
...on le voit très clairement : par exemple, au moment même où l'on commémore le 90ème anniversaire de la Révolution qui, le 5 Octobre 1910, a institué la République dans le pays, quelques faits récents sont là pour le prouver:
* en Mai, la Conférence des Évêques, s'exprimant au nom d'une "Communauté Catholique" abstraite et dont les positions ne sont pas ouvertement affichées, publie une longue "lettre pastorale" où la hiérarchie catholique s'est permis de définir ce qui pourrait (ou ne pourrait pas) être considéré par l'Église comme les limites acceptables des décisions des pouvoirs politiques sur des "matières sensibles" (mariage, moeurs, droit à la vie, etc...), exprimant même des menaces d'incitation publique à la désobéissance civile vis à vis des institutions démocratiques de la république;
* en Septembre, le président de la Commission des Évêques pour la Communication Sociale vient de dénoncer ce qu'il considère comme "une stratégie concertée des secteurs athées portugais pour détourner les lignes essentielles de l'identité nationale, du projet culturel défendu pendant huit siècles". Leur but est de tout soumettre aux influences et dominations dogmatiques et cléricales;
* on vient d'apprendre que l'État Portugais a favorisé l'Opus Dei, en cédant l'espace (29.000 m2) d'une anciènne installation militaire de Lisbonne à la Coopérative (catholique) "Universitas" pour 1.500.000.000 escudos (environ 50.000.000 FF) ­ une autre université privée avait auparavant proposé de l'acquérir par 4.600.000.000 escudos (environ 153.000.000 FF).
En outre, faveur supplémentaire, la, coopérative Universitas, liée à l'Opus Dei, avait en cette occasion été exonérée de plus de 100.000.000 d'escudos (environ 3.500.000 FF) d'intérêts dûs à l'Etat.

Les citoyens portugais ­ y compris les laïques, qui ne se sont pas encore suffisamment organisés ­ vont sûrement accepter, avec une grande "patience" et "compréhension", que son gouvernement démocratique et républicain (un gouvernement socialiste avec un premier ministre catholique qui s'assume publiquement en tant que tel`) craignant les quelque 60% d'électeurs catholiques supposés, subisse toutes les pressions du clergé et des lobbyings catholiques du pays.

Peut-être que, face à des informations qui le démontrent, les plus avertis d'entre eux s'inquèteront un peu pendant deux ou trois jours, mais il est à craindre que, pour la plupart et à la très moderne façon européenne, ils se réendorment tranquillement les jours suivants`

Luis Mateus, Délégation Portugaise du MEL.

Pétition pour la révocation du Concordat entre l'Etat du Portugal et le Saint-Siège.

Monsieur le Président de la République Portugaise,
Excellence,

Considérant que le Concordat signé entre l'État Portugais et le Saint-Siège le 7 mai 1940, et encore aujourd'hui en vigueur, viole les principes de l'Égalité entre les citoyens, de la liberté de conscience, de religion et de culte et celui de la séparation de l'État et des confessions religieuses, tels qu'ils sont établis par l'actuelle Constitution de la République - nommément les articles 13, 16 et 41 - les citoyens portugais soussignés, en l'exercice du droit de pétition que l'article 52 de la Loi Fondamentale leur reconnaît, viennent solliciter votre Excellence pour réclamer la vérification, par le Tribunal Constitutionnel, de la constitutionalité du contenu du Concordat, en vue de sa révocation.

Pour le Bien de la République

EUROPA e LAICIDADE

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