Mouvement "Europe & La?cit?"



        

L'?tat de la la?cit?:
1. Europe Occidentale
(suite)


        
Ce texte pr?sente quelques ?l?ments sur l'?tat de la la?cit? dans diff?rents pays de la Communaut? Europ?enne (plus un intrus!). Merci de nous communiquer des informations sur l'?tat de la la?cit? en Europe et dans le monde; cela nous permettra de tenir ? jour ce document. (Les adresses ?lectroniques sont en fin de document.) Derni?re mise ? jour: d?cembre 1997

     
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Autres chapitres de cette ?tude:
L'?tat de la la?cit?: 2. France.
L'?tat de la la?cit?: 3. Europe Centrale et Orientale.
L'?tat de la la?cit?: 4. Pays hors de l'Europe.


Remarques g?n?rales

La la?cisation des esprits et des modalit?s de vie s'est surtout d?velopp?e dans les pays de tradition catholique. Sans entreprendre une ?tude d?taill?e et en se limitant aux r?alit?s contemporaines et "s?culi?res", il est int?ressant de noter les ?volutions positives les plus marquantes survenues ces derni?res ann?es, ? la fois dans le sens d'une d?cl?ricalisation, d'une ?mancipation des mentalit?s et d'une la?cisation progressive des l?gislations, d'une "s?cularisation", comme on dit dans beaucoup de pays. L'explication en est simple: les contraintes dogmatiques li?es au cl?ricalisme romain ont suscit? dans de nombreux ?tats des r?actions d'opposition et des luttes ?mancipatrices qui durent encore et qui aboutissent ? des avanc?es la?ques en cours d'approfondissement. Quelques avanc?es cl?ricales sont ?galement mentionn?es.

Allemagne

R?publique f?d?rale, l'Allemagne est th?oriquement fond?e sur un statut proche de la s?paration des Eglises et de l'Etat, mais ce principe sert de couverture ? des r?alit?s profond?ment antila?ques: imp?t d'?glise, loi antiblasph?me, insertion politique et sociale des Eglises dans tous les secteurs de la vie nationale, subventionnement g?n?ralis? des organisations religieuses, d?fense de traditions historiques r?trogrades sur le plan soci?tal, notamment pour ce qui concerne le statut moral des femmes (*), la pr?gnance religieuse dans l'enseignement et la justice, etc...

Le pluralisme confessionnel, largement oecum?nique pour ce qui concerne le maintien des avantages acquis (financiers notamment), n'emp?che pas une indiscutable ?volution de l'opinion, favorable ? une d?cl?ricalisation de la l?gislation. On rappelle:
le jugement de la Cour supr?me imposant la suppression des crucifix dans les ?tablissements publics, et
la consid?rable diminution du nombre de familles se r?clamant de l'appartenance ? une religion.

Le Land de Brandebourg a supprim? l'enseignement obligatoire de la religion. (E&L 147, 4.1996)
Dans les laender de l'Est, des lois r?gionales limitent l'enseignement religieux dans les ?coles, et promeuvent au contraire l'extension d'une tradition de c?r?monie civique et la?que pour les jeunes ? l'?ge de l'adolescence, l'absence de r?f?rence religieuse dans le d?roulement de la vie publique, ?mancipent les services publics et sociaux des captations cl?ricales.

Les organisations religieuses tentent de recl?ricaliser la vie collective avec l'aide du pouvoir f?d?ral et du Vatican; mais la lutte pour la promotion de la la?cit? est intense sur le plan associatif.

(*) Dans la partie ex-occidentale de l'Allemagne, les femmes ont du mal ? s'?manciper d'un statut moral inspir? de "la r?gle des trois K": Kirche (?glise), Kindern (enfants), K?che (cuisine). La la?cisation progressive des mentalit?s au sein de l'opinion publique "s?cularis?e" permet une ?volution positive, que combat vainement la droite cl?ricale allemande.

Belgique

C'est, apr?s la France, le pays d'Europe o? existe le plus fort courant la?que, mais il s'agit d'une conception diff?rente de la la?cit? institutionnelle "? la Fran?aise". Les la?ques y sont avant tout anti-religieux (et ath?es) et pas seulement anticl?ricaux (c'est- ?-dire oppos?s au cl?ricalisme); ils constituent une "communaut?" ? c?t? des communaut?s religieuses, (catholique, protestante, juive, musulmane, etc...). Ce syst?me de communaut?s philosophiques et religieuses, "piliers" de la vie culturelle, sociale et politique, est officiellement d?nomm? "pilarisation". C'est sur cette conception que se fonde la vie civique du pays.

L'?tat belge n'est pas officiellement s?par? de l'Eglise, bien qu'il n'y ait pas de religion nationale, le catholicisme ?tant n?anmoins le culte officiel de la monarchie belge. Le communautarisme est le principe fondamental de la soci?t? et du syst?me belge, y compris sur le plan linguistique. (Le trilinguisme y est tr?s d?sint?grateur). Il n'existe pas de la?cit? institutionnelle qui puisse constituer d'?l?ment f?d?rateur de la soci?t?. L'?tat belge existe, mais il n'existe pratiquement pas de v?ritable Nation belge, par manque d'unit? morale du pays (*) et par absence de solidarit? citoyenne.

Le souci essentiel des la?ques belges est de recevoir pour leur "communaut?", autant de subsides, d'acc?s aux m?dia, d'agr?ments sociaux, de r?les culturels et de repr?sentativit? reconnue, que les communaut?s religieuses et ethniques. Pour des raisons historiques, originelles et institutionnelles, la la?cit? n'est pas en Belgique, une valeur l?gale institu?e, m?me dans les esprits. Cela n'emp?che pas les la?ques belges de militer activement pour la d?fense de leur ?thique propre et pour l'extension ?quitable de leurs int?r?ts communautaires.

(*) L'absence d'unit? morale du pays est telle que le r?gionalisme politique a d? ?tre institu? en 1981. Il s'est aggrav? au point de mener le pays ? la limite de l'?clatement: la communaut? flamande (devenue riche, tr?s catholique et cl?ricale, largement influenc?e par le souvenir des positions "rexistes") r?clame son ind?pendance, et la Wallonie, plut?t francophone et francophile est, dans une large mesure "rattachiste" vis-?-vis de la R?publique Fran?aise, mais sans accepter totalement le syst?me r?publicain de la?cit? institutionnelle ? la fran?aise, sauf sur le mod?le (contraire ? la constitution fran?aise) du Concordat en vigueur en Alsace et en Moselle, h?rit? de la l?gislature allemande. Un rattachement dans de telles conditions, renforcerait les tentations d'une partie de l'opinion publique wallone pour "l'Europe des r?gions" et le d?mant?lement de l'unit? nationale fran?aise.

Les Pays-Bas

La religion dominante y est un protestantisme, plus culturel que dogmatique. Les valeurs la?ques de tol?rance y sont largement pratiqu?es, notamment dans un esprit "d'antipapisme" largement partag?. L'?tat monarchique n?erlandais ne se proclame pas la?que, mais se fonde sur le pluralisme religieux et la multiculturalit? (moins communautaris?e qu'en Belgique). L'enseignement n'y est pourtant pas pr?serv? des influences et pratiques religieuses, mais avec des possibilit?s d'exemptions discriminatoires. Dans les autres domaines soci?taux (IVG, contraception, statut des minorit?s sexuelles, drogue) les N?erlandais sont parmi les plus progressistes et tol?rants d'Europe, cela en dehors de toute influence religieuse, mais sans se r?f?rer ? une l?galit? la?que proclam?e. Les militants la?ques n?erlandais r?clament notamment l'officialisation d'une la?cit? institutionnelle et la d?confessionnalisation de l'enseignement public.

Voir l'?tude particuli?re de J. B?zecourt sur ce pays.

Espagne et Italie

Ces deux pays sont profond?ment marqu?s culturellement par les m?mes traditions historiques, catholiques et vaticanes. Pourtant, la la?cisation des mentalit?s et des moeurs s'y est largement d?velopp?e, en d?pit des tentatives permanentes et obstin?es de l'Opus Dei de ramener ces deux pays dans le giron dogmatique de la religion catholique et du cl?ricalisme romain.

En Italie comme en Espagne, la la?cit? marque des points au niveau des modalit?s de la vie soci?tale et des moeurs, mais les lois suivent avec retard l'?volution des esprits. La forte impr?gnation historique et traditionnelle d'un catholicisme formel (voire folklorique), n'emp?che pas les la?ques de se battre avec pugnacit? sur le plan de l'enseignement et du refus de l'?tat-civil encore souvent aux mains de l'Eglise catholique. En outre, dans les deux pays, les tr?s fortes pulsions r?gionalistes (voire s?paratistes) compliquent encore les choses et nuisent au sentiment de coh?sion nationale ins?parable de la la?cit? institutionnelle, telle que nous la comprenons en France.

En Espagne, la constitution de 1978 proclame qu'il n'y a pas de religion d'Etat; mais l'enseignement confessionnel (catholique) est financ? par l'Etat.

En Italie, le Concordat de 1929 est toujours en vigueur; la constitution de 1948 a institu? une certaine s?paration (elle a supprim? la qualit? de fonctionnaire des membres du clerg?, la?cis? le syst?me de sant?) mais elle condamne le blasph?me, finance les ?coles religieuses, conserve l'enseignement religieux dans les ?coles publiques. La pratique religieuse ne concerne que 20% de la population.

Septembre 1997: L'Eglise reprend en mains le quatri?me groupe de presse italien.

Suite ? la publication d'articles jug?s non conformes aux positions de l'Eglise par le groupe de presse "les ?ditions paolines de Milan" dirig? par un ordre religieux propri?taire de deux journaux, le pape a nomm? un d?l?gu? pontifical charg? reprendre en mains les journalistes, afin d'?viter "les d?rapages qui fourvoient et scandalisent les fid?les". Et pour le pr?lat normalisateur, "celui qui entre dans un organe de l'Eglise doit savoir qu'il ne travaille pas dans un milieu sans convictions". La libert? de la presse et des journalistes ne fait pas partie de ces convictions-l?.

Le Saint-Si?ge et le Vatican.

Le Saint-Si?ge est une entit? juridique chapeautant ? la fois l'Eglise catholique et l'Etat de la Cit? du Vatican (44 hectares). C'est un ?tat th?ocratique dont le monarque est d?tenteur de tous les pouvoirs, ? tous ?gards. C'est le seul chef d'?tat d'Europe ? pratiquer l'absolutisme, aussi bien politique que religieux.
Alors qu'en principe un ?tat ind?pendant pourrait avoir des relations officielles avec la Cit? du Vatican, en fait l'Eglise catholique refuse de dissocier les deux caract?res (civil et religieux) de sa nature, et n'admet de reconnaissance qu'avec le Saint-Si?ge, cela afin de ne pas marginaliser cet organisme religieux et de lui donner une stature internationale (que les autres religions n'ont jamais cherch? ? se faire reconna?tre). Dans tous les cas o? des relations diplomatiques sont nou?es entre un Etat et le Saint-Si?ge, le Vatican feint de consid?rer que la demande en a ?t? faite par l'?tat consid?r?, dans un esprit de soumission ? l'Eglise, m?me si celui-ci n'admet pas cette fa?on de voir.
Ni la Cit? du Vatican ni le Saint-Si?ge ne sont signataires de la D?claration Universelle des Droits de l'Homme. Ni l'un ni l'autre ne sont membres de l'Union Europ?enne, ni de l'ONU. Cela n'emp?che pas l'Eglise catholique de disposer d'un si?ge d'observateur privil?gi? ? l'ONU, et de solliciter la reconnaissance d'un nonce apostolique aupr?s de l'Union Europ?enne. Vis ? vis des deux assembl?es internationales, le Saint-Si?ge pr?tend faire prendre en compte ses propres positions politiques et th?ologiques. Cette pr?tention est en contradiction avec son refus d'admettre le principe de la?cit?. Par le moyen de cette reconnaissance officielle par les ?tats, l'Eglise se pr?tend habilit?e ? intervenir dans la vie politique int?rieure des nations et des regroupements internationaux.
Quand le Pape visite un Etat, la r?ception officielle qui lui est accord?e est toujours ambigu? dans sa justification, puisqu'il se pr?tend Chef d'Etat alors qu'il est avant tout chef religieux, les deux r?les ?tant ins?parables. (On l'a bien vu en France en 1996 et en 1997 -- (documents du site personnel de B. Courcelle)).

Portugal


Un sentiment religieux profond cohabite avec une vielle tradition anti-cl?ricale. L'Eglise Catholique y a soutenu le r?gime corporatiste de Salazar, comme elle avait soutenu Franco, Mussolini et P?tain. Actuellement, le Portugal est le seul pays europ?en avec la France dont la constitution s?pare l'Etat des religions (depuis 1910). Mais le Concordat de 1940 demeure en place: enseignement religieux dans les ?coles publiques par les pr?tres, validit? civile du mariage religieux, r?mun?ration des pr?tres comme officiers d'?tat-civil et enseignants.

Un lobbying efficace a provoqu? l'?chec, avec une marge tr?s ?troite, des efforts visant ? lib?raliser l'avortement. [source: Golias no 56, septembre 1997, "La nouvelle croisade de Jean-Paul II contre les femmes."]


Pays protestants de l'Europe du Nord

Les mouvements la?ques sont relativement peu actifs parce que n'y r?gne pas de domination religieuse r?ellement oppressante. La religion d'Etat y est institu?e et impr?gne, formellement au moins, la vie civique et scolaire (enseignements confessionnels avec ou sans possibilit? d'exemption). La "non-religiosit?" n'est ni organis?e ni combattue: elle est simplement support?e avec indiff?rence. Une tol?rance de coexistence r?gne en Scandinavie, dans le cadre d'un oecum?nisme de fait, sans virulence et relativement indiff?rent aux progr?s de l'ath?isme.

En Su?de, il n'existe de contrainte religieuse pour personne ... sauf pour le roi qui doit obligatoirement appartenir ? la religion r?form?e dont il est le chef. A partir de 2000, la Su?de apliquera la loi de s?paration de l'Etat et des religions vot?e en 1995.
Au Danemark, l'Etat est li? ? l'?glise luth?rienne. Les pasteurs sont form?s dans l'universit? (publique) et sont r?mun?r?s comme fonctionnaires et officiers d'?tat-civil. Les autres religions sont reconnues mais non financ?es.

R?publique d'Irlande (Eire)

Bien que profond?ment catholique, l'opinion supporte de plus en plus mal la domination id?ologique vaticane, surtout en mati?re de vie quotidienne et de moeurs; divorce, contraception, IVG, obligation de l'enseignement religieux dans l'enseignement public, r?le politique des femmes (*) sont autant de domaines o? les positions la?ques marquent des points. Un mouvement pour la S?paration de l'Eglise et de l'Etat s'est constitu?, qui engage des actions en justice contre les abus de la d?pendance cl?ricale des institutions, et obtient des r?sultats positifs, aussi bien en mati?re de dispositions l?gislatives qu'au sein de l'opinion publique. Plusieurs scandales (affaires de moeurs) r?cemment survenus au sein du clerg? et de l'?piscopat ont aid? ? cette ?volution.

(*) C'est une femme (Mme Robinson) qui est actuellement pr?sidente de la R?publique; elle a ?t? ?lue en d?pit de ses positions largement favorables aux th?ses la?ques, et en d?pit de l'opposition du clerg? catholique ? sa candidature.

La Grande Bretagne,

pays formaliste s'il en est, est, elle ausi, dot?e d'une monarchie jumel?e avec l'Eglise officielle (anglicane). La pratique religieuse, sp?cifique ? la Grande Bretagne (l'anglicanisme est majoritaire sauf en Ecosse) ne se double pas d'un cl?ricalisme oppresseur ; l'ath?isme est tol?r? et la non-pratique religieuse s'ins?re sans difficult?s dans la vie civique.
Dans les ?coles publiques, la journ?e commence par la pri?re (chr?tienne). Les religions peuvent cr?er des ?coles avec financement public.

L'opposition des libres-penseurs britanniques (en net accroissement num?rique) ? la religion d'Etat, se double souvent d'une attitude tr?s critique vis ? vis de la monarchie: les sympathies n?o-r?publicaines (minoritaires mais en voie d'extension) apparaissent comme favorables au principe de s?paration de l'Eglise et de l'Etat.

Outre l'Ecosse traditionnellement catholique et volontiers autonomiste, les contestations les plus virulentes de l'anglicanisme dominant, se manifestent en Irlande du Nord, o? les affrontements nationalistes se doublent d'une haine persistante entre catholiques et protestants (unionistes anglicans, dominateurs et oppresseurs de la minorit? catholique, par ailleurs d?favoris?e sur le plan socio-?conomique)

Contrairement aux apparences de paix civique et de citoyennet? harmonieuse, la Grande-Bretagne conna?t des probl?mes en gestation qui l'am?neront in?vitablement ? modifier ses structures internes et sa politique dans le sens d'une prise en compte des valeurs la?ques. Des mouvements philosophiques (se r?f?rant ? la libre pens?e) y sont impliqu?s, et d?montrent que pour la la?cit?, il n'est pas de combat impossible.

Gr?ce

C'est le pays le moins la?que de l'Union Europ?enne. Pour des raisons historiques, l'?glise orthodoxe jouit d'un r?le politique important. Il n'y a pour ainsi dire pas de s?paration avec l'Etat. En contradiction avec les trait?s internationaux, les passeports mentionnent la religion de leurs porteurs.

Les rivalit?s haineuses gr?co-turques aux limites de l'Union Europ?enne, se doublant d'une opposition religieuse enracin?e, justifieraient de promouvoir la la?cit?.

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